B
l
e
s
s
u
r
e
s
u
r
b
a
i
n
e
s

Menu

Le
vieux
souk
d’Alep,
gravement
endommagé
entre
2013
et
2016
Syrie

C’est comme si quelqu’un avait pillé ma maison, arraché mon âme à mon corps et saccagé notre patrimoine.

Hassan Ahmad Swaïdan,
Commerçant du souk
Faire
défiler
0%

Le vieux marché était un lieu débordant de vie et de marchandises. Avec mes amies, après avoir fait nos achats, nous avions pour habitude d’aller déjeuner ou prendre un café du côté de la citadelle.

Seba Al-Kadi,
Cliente du souk

1 000

ans d'Histoire

Le marché de Saqatiya, l’un des nombreux qui forment le grand souk d’Alep en Syrie, existe depuis plus de 1000 ans. Couvrant une superficie de plus de 1500 mètres carrés et desservi par une allée pavée longue d’une centaine de mètres, il abritait 53 échoppes avant que le conflit n’y éclate en 2012.

La première fois que j’ai remis les pieds ici, j’ai été horrifié par ce que j’ai vu ; des scènes de dévastation insupportables que je ne pourrai jamais oublier.

Haj Yassen abou Hilal,
Boucher

Le souk al-Madina, au cœur de la vieille ville d’Alep, dans le nord de la Syrie, était le plus grand marché couvert au monde. Situé à la croisée des voies commerciales de l’ancienne Route de la soie qui reliait l’Asie au Moyen-Orient et à l’Europe, ce marché était à la fois un creuset de cultures et un centre de commerce cosmopolite pour le négoce des étoffes, des métaux précieux, des épices et bien plus encore – un lieu historique vieux de plusieurs siècles mais toujours actuel et vivant.

Les ruelles étroites qui sillonnaient ce souk long de 13 kilomètres étaient bordées de milliers d’échoppes, d’auberges, de cafés et de hammams, ainsi que de mosquées dans la partie occidentale de la citadelle médiévale fortifiée. C’était un endroit où on venait faire du commerce et chercher du travail, un espace foisonnant de vie sociale et de culture syrienne, et aussi un site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Avec l’intensification du conflit entre 2013 et 2016, le souk al-Madina a été presque entièrement détruit, comme le reste de la vieille ville. Ce grand marché constituait non seulement l’âme d’Alep, mais aussi son cœur financier. Il jouait un rôle important pour les industries de tout le pays et, plus largement, du Moyen-Orient. Quand les marchands et les artisans ont pris la fuite, suivis par les clients et les négociants, le commerce s’est effondré, rendant la situation encore plus précaire pour les habitants restés sur place. Le souk a finalement été réduit en ruines, et une composante essentielle de l’économie et de l’identité culturelle d’Alep s’est ainsi retrouvée ensevelie sous ses décombres.

Vue aérienne du vieux souk d’Alep

  • 60%

    de la ville lourdement endommagée

    Selon les estimations, la ville d’Alep aurait été détruite à 30% et gravement endommagée à 60% par les combats entre 2013 et 2016, y compris le souk historique vieux de plusieurs siècles.

  • 120 000

    personnes déplacées

    L’intensification du conflit en Syrie fin 2016 a poussé plus de 120 000 personnes à fuir d’Alep-Est. Près de la moitié d’entre elles ont choisi de rester aux alentours, dans l’espoir de pouvoir rapidement retourner chez elles une fois les combats terminés.

Les allées du souk al-Madina, autrefois très animées, sont aujourd’hui jonchées de débris et de morceaux de métal tordu. Les éléments d’architecture caractéristique du souk ont été dévastés ; et les ateliers artisanaux, tout comme les boutiques des antiquaires, des diamantaires et des producteurs de savon de laurier, ont été endommagés et ont dû mettre la clé sous la porte.

La plupart des artisans qualifiés ayant fui le conflit, Alep a perdu une immense partie de ce savoir-faire qui se transmettait de génération en génération. Ainsi, la ville ne compte plus aujourd’hui qu’une quarantaine d’ateliers d’orfèvrerie, contre 1200 avant la guerre. Le commerce s’est effondré et les civils peinent plus que jamais à se procurer des produits de base. La destruction des commerces a entraîné la perte d’emplois et de revenus pour les employés comme pour les propriétaires des échoppes.

On nous a privés de notre seule source de revenus.

Hassan Ahmad Swaïdan,
Commerçant du souk

Mais le souk était bien plus qu’un simple marché : c’était à la fois un espace de discussion informel où les gens se rencontraient pour débattre des problèmes de leur cité, un lieu social empreint de convivialité où retrouver ses amis et ses voisins, et une source de souvenirs collectifs pour les habitants.

Si le souk était auparavant le symbole de la vie urbaine trépidante d’Alep, ses ruines témoignent aujourd’hui des dommages que la guerre peut infliger à l’identité, la culture, le patrimoine et l’économie d’une ville. Le souk a déjà été détruit par le passé, lors de conquêtes et de catastrophes naturelles, et il a toujours fini par renaître de ses cendres. Mais cette fois-ci, les coûts de réparation et de reconstruction s’annoncent exorbitants, grevés par une crise économique généralisée et par les séismes dévastateurs qui ont frappé récemment Alep et plusieurs régions du nord-ouest de la Syrie.

La reconstruction a commencé – petit à petit, une portion après l’autre –, mais pas à l’échelle requise pour pouvoir imaginer relancer le commerce. Car les dommages vont bien au-delà de l’aspect matériel : en perdant son souk, la ville d’Alep a perdu aussi une partie de son identité culturelle et de son histoire, ainsi que son poumon économique et son avenir.

Dizaines

de millions de dollars US

Les travaux de restauration d’une partie du souk al-Madina ont duré huit mois et coûté 400 000 dollars US. La remise en état de l’ensemble du souk prendra des années et aura un coût qui se chiffrera en dizaines de millions de dollars.

Logo ICRC

Les anciens ont dit qu’ils étaient trop vieux pour remettre leur activité sur pied, et que leurs fils s’en chargeraient peut-être.

Hassan Ahmad Swaïdan,
Commerçant du souk

La guerre urbaine, avec son cortège de destructions intentionnelles ou collatérales de bâtiments historiques, de monuments et de biens appartenant au patrimoine intellectuel ou artistique, a des répercussions particulièrement lourdes sur l’identité culturelle d’une population. Le droit international humanitaire protège les biens culturels, car au-delà des briques, du ciment et des objets, ils représentent le patrimoine d’un peuple et la mémoire sociale collective d’une communauté.

Les conflits en milieu urbain infligent également des perturbations catastrophiques et durables aux marchés et autres infrastructures, sapant la sécurité économique, le tissu social et l’avenir des populations urbaines, qui dépendent grandement du commerce, des services et des réseaux informels pour leur survie.

Ville suivante

Mossoul / Irak

Cliquer ici